Définition de MEILLEUR, EURE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : mè-lleur, lleu-r', ll mouillées, et non mè-yeur

DÉFINITIONS

1
Comparatif qui a le même sens que plus bon, lequel ne se dit pas.
Je me souviens d'avoir vu quelquefois meilleure compagnie dans les ruisseaux de Paris que je n'en ai encore rencontré dans la chambre de la duchesse
Et toi, de mes exploits glorieux instrument.... Passe pour me venger en de meilleures mains
D'autres soins.... vous porteront ailleurs, Où vous pourrez trouver quelques destins meilleurs
Je n'ai jamais vu un homme ni d'un meilleur esprit, ni d'un meilleur conseil
Hippias, pour qui Darius se déclara, avait de meilleures apparences
Ne vous étonnez pas si le même Ecclésiaste méprise tout en nous, jusqu'à la sagesse, et ne trouve rien de meilleur que de goûter en repos le fruit de son travail
Ô reine admirable et digne d'une meilleure fortune !
Ariane aux rochers contant ses injustices [de Thésée], Phèdre enlevée enfin sous de meilleurs auspices
Qu'ils savent juger, trouver bon ce qui est bon, et meilleur ce qui est meilleur
N'ayant rien de meilleur à faire
Et j'ai pleuré longtemps sur ces tristes vainqueurs, Que le ciel fit si grands sans les rendre meilleurs
Vous êtes meilleur père que bon républicain
de LE P. CATROU dans dans DESFONTAINES
Meilleur à, qui convient mieux à, qui vaut mieux pour.
Je vous conjure, Seigneur, de retirer maintenant mon âme de mon corps, parce que la mort m'est meilleure que la vie
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Jonas, IV, 3
J'ai dit à Vardes que je le priais de vous faire entendre que je vous étais meilleure présentement à Paris qu'à Grignan
Je crois que la Carnavalette [l'hôtel Carnavalet] nous sera meilleure que l'autre maison qu'on nous avait indiquée
2
Nature : Impersonnellement. Il est meilleur, il vaut mieux. Il est meilleur d'agir ainsi, ou, par inversion, meilleur est d'agir ainsi.
Il est bon de parler et meilleur de se taire
Il [Cromwell] leur déclara [aux membres du parlement] que, si la république devait souffrir, meilleur était qu'elle fût dépendante des riches que des pauvres, qui, selon Salomon, lorsqu'ils oppriment, ne laissent rien après eux
3
De meilleure heure, plus tôt.
On s'y marie de meilleure heure
4
Le meilleur, la meilleure, les meilleurs, superlatif relatif de bon, qui est au-dessus de tout dans son genre pour la bonté, l'utilité.
Il fondait là-dessus l'achat d'une feuillette Du meilleur vin des environs
La raison du plus fort est toujours la meilleure
de Jean de LA FONTAINE dans ib. I, 10
Je vous demande une amitié toute des meilleures pour M. de Pellisson
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Mlle de Scudéry, 11 sept. 1684
Je n'ose assurer que cette pièce soit en effet la meilleure de mes tragédies ; je laisse aux lecteurs et au temps à décider de son véritable prix
Rameau nous a donné non la meilleure musique dont il fût capable, mais la meilleure que nous pussions supporter
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lib. de la mus. Oeuvres, t. III, p. 342, dans POUGENS.
La meilleure partie, la meilleure part, la plus grande partie, en parlant de nombre, de quantité.
Et que de ses sujets la meilleure partie.... Ne tourne obstinément ses armes contre nous
La ville [Jérusalem] fut renversée de fond en comble, le temple réduit en cendres, et le roi mené captif à Babylone, avec Saraïa, souverain pontife, et la meilleure partie du peuple
Un prince qui s'est vu maître de la meilleure partie de l'Europe
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Dial. 2e, morts mod.
Quintius, père de Céson, après avoir vendu la meilleure partie de son bien....
La meilleure part à, la plus grande participation à.
Chacun le frappe à l'envi, et veut avoir la meilleure part au crime, espérant l'avoir à la récompense
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. II, 457
Les usages, les passions, les circonstances du bien, du rang, de la naissance, qui ont d'ordinaire la meilleure part au choix d'un état de vie
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Vocation.
Dans la poésie, on supprime quelquefois l'article.
[Celui] qui pourra montrer une marque certaine D'avoir meilleure part au coeur de Célimène
5
Nature : nm et f Le meilleur, la meilleure, celui, celle qui l'emporte sur les autres par ses qualités.
Et c'était une blanque à de bons bénéfices ; Mais elle est épuisée, et les vers à présent Aux meilleurs du métier n'apportent que du vent
de Pierre CORNEILLE dans Excuse à Ariste.
6
Nature : S. m. Le meilleur, ce qu'il y a de mieux.
Ne m'importune plus, Philandre, je t'en prie ; Me rapaiser jamais passe ton industrie ; Ton meilleur, je t'assure, est de n'y plus penser
Tu vois ce qui m'est le meilleur, De mes maux tu sais le remède ; Regarde mon désir, et règle-le, Seigneur, Ainsi que tu veux qu'il succède
L'affaire presse, et le plus tôt que vous pourrez sortir d'ici sera le meilleur
J'essaye, autant que je puis, de ne m'affliger de rien, et de prendre tout ce qui arrive pour le meilleur
Discernant non-seulement le bon d'avec le mauvais, mais encore le meilleur d'avec le bon
Sur ce qui concerne les moeurs, le plus beau et le meilleur est enlevé [par les anciens]
Tout ce qui vous convient est toujours le meilleur
Le meilleur, ce qu'il y a de plus curieux, et aussi, ironiquement, ce qu'il y a de plus mal.
Écoutez, madame, voici bien le meilleur
de BARON dans Hom. à b. fort. III, 7
Quand M. Beccaria fut applaudi pour avoir démontré que les peines doivent être proportionnées aux délits, il se trouva bien vite chez les Iroquois un avocat qui soutint que torturer, pendre, rouer, brûler, dans tous les cas, est toujours le meilleur
Exemple : Proverbialement. Le plus beau et le meilleur n'est pas de trop pour lui ; c'est-à-dire c'est un homme qui mérite ce qu'il y a de mieux ; ou, ironiquement, c'est un homme trop exigeant.
Exemple : Du meilleur de l'âme, du coeur, c'est-à-dire avec la plus entière bienveillance, cordialité.
Du meilleur de mon coeur je voudrais vous complaire
Et je vous parle ici du meilleur de mon âme
Et le prier du meilleur de mon coeur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. 168
7
Sémantique : Familièrement. Boire du meilleur, tirer du meilleur, boire, tirer du meilleur vin qu'on ait.
Et fait tirer du meilleur cependant
de Jean de LA FONTAINE dans Orais.
Vivons libres, soutenons nos droits, et buvons du meilleur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Facéties, Quest. sur les mir. 13
8
Adverbialement. Il fait meilleur, on est mieux.
Non pas cela, dit l'homme, il fait meilleur chez nous
9
Sémantique : Terme de marine. Meilleur ! plus fort, plus énergiquement ! Quand les rameurs d'une embarcation nagent mollement, on leur crie : meilleur ! meilleur ! meilleur tribord ! pour faire nager plus vigoureusement les rameurs de droite ; et meilleur bâbord ! pour exciter ceux de gauche.

REMARQUE

1
Plus bon est complétement inusité ; c'est un barbarisme ; mais ne confondez pas plus terme de comparaison, avec plus terme d'ordre de temps : Il n'est plus bon à rien, est correct, parce que plus ne se rapporte pas à bon.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Quant chascuns ert [sera] à son meillor repaire
dans Ch. de Rol. IV
Et des meillors [des plus braves] qui al champ [de bataille] cuident estre
dans ib. CLV
2
XIIe s.
[Il] Vest un haubert, nus hom [nul homme] n'en vit meillor
dans Ronc. 53
Sur les mellors chevaus qu'il ont trouvé
dans ib. 166
La mieldre dame qui soit de mere née
dans ib. 175
Saisne vont par ces rues faisant moult grant martire [massacre] ; N'i estoit esparné li miadres ne li pires
dans Sax. X
Vez-ci bone achoison pour la voie laissier. - Voire, dit Gilemers, nule meillor [je] n'en quier [n'en demande]
dans ib. XVI
Passez vos an là outre, vostre meillor n'y voi
dans ib. LXXI
3
XIIIe s.
Et vous avez, par Dieu, meillor envie D'un bel valet baiser et accoler
de QUESNES dans Romanc. p. 108
Puisqu'ele est eschapée, au meillor nous tenons [tenons-nous à ce qu'il y a de meilleur]
dans Berte, XXIII
Berte est la mieudre ouvriere que oncques esgardai
dans ib. LVII
N'avoit [il n'y avait] meillor ouvriere de Tours jusqu'à Cambrai
dans ib. LVII
Quant le pieur [le pire] [il] reçoit, et le meilleur hors lance [rejette]
4
XIVe s.
En tele policie celui qui est le melleur a plus de bien selon la quantité de sa vertu
C'est le moien et la très meillour chose qui soit en vertu
de Nicolas ORESME dans ib. 44
5
XVe s.
Si sçai-je bien, quant mon temps compte, Que, se pour s'amour je moroïe, Millour fin avoir ne poroie
Sur la fin du parlement, il fut dit et arresté et regardé pour le meilleur que....
Maistre, il nous fault de l'oignement [parfum].... Tout le meilleur que vous aïez ; Vous en serez trop bien paiez
dans Résurr. de J. C
Aucuns eurent desir de nous assaillir, et mon advis est qu'ils en eussent eu le meilleur [qu'ils nous eussent battus]
de Philippe de COMMINES dans II, 1
Et la premiere chose qu'ilz font, sans dire Pater ni Ave Maria, elles bevront du meilleur très bien, en attendant que l'autre amende
dans Les quinze joyes de mariage, p. 125
6
XVIe s.
L'issue [du combat] en estoit encore incertaine, et ne sçavoit on qui en devoit avoir le meilleur
de Jacques AMYOT dans Démét, 19
Je ne vous puis pour ceste heure faire millieure aide
Les millieurs visaiges, les millieurs propos monstrant l'envie qu'ils ont de vous faire service que l'on sçauroit souhaiter
Les plus courtes folies sont les meilleures
Le meilleur des deux n'en vaut rien
Il y fault prouveoir de meilleure heure
de Michel de MONTAIGNE dans I, 75
Qui avec son seigneur mange poires, il ne choisit pas des meilleures
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, mélieur ; bourg. mouïou, moillou ; wallon, mèieûs ; Hainaut, melieu ; provenç. melhor, meillor, melher, meilher ; cat. millor ; esp. mejor ; port. melhor ; ital. migliore ; du lat. meliorem. Le vieux français dit mieudre, mieldre au nominatif, du latin melior, accent sur me, et meillor au régime, de meliorem, accent sur o. Melior a été rattaché au grec ; c'est une erreur ; Corssen pense que la racine est le sanscrit mal, tenir, et que le sens est ferme, solide, fort.

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